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 Présentation YI QUAN (DA CHENG QUAN)








maîtres

Lorsque l’A.N.Y.D.A (association nationale de yi quan, taï ki ken et disciplines assimilées) a invité le grand maître Wang Yu-Fang en France, cette dernière fut interviewée par un célèbre magazine d’arts martiaux. Durant la séance de prises de vue, le photographe, habitué aux gestes spectaculaires et de grandes amplitudes des pratiquants d’Arts Martiaux, tels les coups de pieds circulaires au visage, se trouva complètement désappointé. Celui-ci manifesta des gestes de nervosité et se demanda quelles photos il allait pouvoir utiliser, car Maître Wang Yu-Fang, fidèle à son art, effectuait des gestes lents de petite et moyenne amplitude, des mouvements subtils et précis ; une pratique qui sortait des sentiers battus. Quel est donc le principe de ce mouvement ?


LE MOUVEMENT DU VER

En consultant les différents documents pédagogiques et didactiques, comme certains sites internet, DVD, livres et films sur le yi quan, da cheng quan, il est commun de trouver cette citation que l’on attribue au rénovateur de ce style :Wang Xiang-Zhai.

Les grands mouvements ne sont pas aussi efficaces que les petits mouvements.
Les petits mouvements ne sont pas aussi efficaces que l’immobilité.
L’immobilité, c’est le mouvement éternel.

Beaucoup de pratiquants de yi quan, da cheng quan vont être très surpris d’apprendre que cette sentence que l’on retrouve sous différentes formes et qui de plus, est présentée comme un théorème de base et une grande vérité en Asie et dans le reste du monde, est fausse. Wang Xiang-Zhai est originaire de la région de Hebei. Les habitants de cette province sont connus pour leur accent particulier, très difficile à saisir pour les autres chinois. L’erreur est venue de l’interprétation de la prononciation de l’idéogramme «non-mouvement » (bu dong) qui a pratiquement la même sonorité que le «mouvement du ver » (ruchong). De plus, les taoïstes font souvent référence à la non-action, préférable à l’action qui butte sur la résistance de l’environnement.

Ainsi, il aurait fallu comprendre :
«Le petit mouvement est meilleur que le grand mouvement, le mouvement du ver vaut plus qu’un petit mouvement »

Cela implique que toutes les parties du corps sont ainsi reliées entre elles, et que lorsqu’une partie du corps bouge toutes les autres bougent en même temps.

Cette phrase n’a donc rien à voir (dans un premier temps) avec les postures, mais plutôt avec les mouvements qui sont d’abord grands et qui avec la pratique, se réduisent jusqu’à devenir de plus en plus petits. Prenons la technique du bois (peng chuan, se prononce pong chuan), le débutant commence par un grand geste (un grand peng), au fil de sa progression il va vers un geste plus petit (un petit peng), et enfin vers un geste infiniment plus petit (mini peng). Cependant, certains emploient le terme de micro-mouvement en oubliant le principe de connexion. En effet, il ne faut pas confondre un micro-mouvement, comme un clignement d’œil (où tout le corps et les articulations ne bougent pas simultanément) avec l’enseignement du Maître qui utilise l’image du ver de terre pour nous faire comprendre que quand une seule articulation bouge, toutes les autres font de même.

Une bonne pratique du yi quan, da cheng quan, s’appuie sur le principe des six assemblements relié au principe des six forces.

C’est aussi une notion très importante. A l’époque de l’ancien xing yi quan, les pratiquants utilisaient surtout deux forces (avant et arrière avec l’intention d’écarter), et parfois quatre en rajoutant les forces de coté (droite et gauche). Le yi quan, da cheng quan est différent de l’ancien xing yi. Il comporte six forces que l’on appelle «la force cube ».
Les six assemblages deviennent au fil des années de plus en plus imperceptibles. A chaque étape, les sensations s’améliorent et permettent ainsi de réduire le mouvement afin d’atteindre et de réaliser le mouvement du ver. Bruce Lee travaillait aussi les micro-mouvements. Les experts du yi quan, da cheng quan considèrent que Bruce Lee employait plutôt des forces partielles.

Le mouvement du ver utilise tout le corps avec l’assemblage des six forces. Il est constitué des six directions de forces : pousser, tirer, appuyer, soulever, écarter, presser ; avant, arrière, droite, gauche, haute et basse. Dans la pratique du mouvement lent de tester la force (shili), il convient d’y associer ces six assemblages, donnant ainsi plus de force au mouvement du ver. Mais cela n’est pas suffisant, car il faut pratiquer avec l’esprit de mouvement du ver, c’est à dire avec souplesse, stabilité et lenteur. Le débutant aura besoin de franchir différentes étapes avant d’atteindre la maîtrise du mouvement du ver. De deux, il pourra ensuite sentir quatre, puis six forces. L’enseignant sera là pour le guider et l’aider à les trouver.

Bien sûr la pratique du zhan zhuang (postures de l’arbre) demeure la partie incontournable du yi quan, da cheng quan. Pratiquer le yi quan, da cheng quan sans s’exercer aux postures n’est pas du yi quan, da cheng quan. Zhan zhuang est un excellent art martial. Dans tous mouvements, il est nécessaire de garder pendant toute la pratique l’esprit de la posture. Cela constitue le fondement propre au yi quan, da cheng quan. Le mouvement du ver se trouve aussi dans les shili, mocabu, danse du yi quan, techniques et application de combat.
Le yi quan, da cheng quan est l’art de prendre appui. Comme sur le plan physique, il est nécessaire de s’appuyer sur des bases réelles. Si la théorie n’est pas correcte, comment la pratique peut-elle l’être ? La théorie ou plus précisément la compréhension de ses principes, constitue donc un des fondements très important de la discipline.

ESPRIT D’INVESTIGATION

Faire des recherches sérieuses sur le yi quan, da cheng quan, demande beaucoup d’énergie, de temps, de moyens et aussi, nécessite la chance de rencontrer les maîtres compétents issus de la tradition, et dont la filiation ne suppose aucun doute. Cependant, voir les personnes qualifiées et reconnues n’est pas suffisant. Faut-il encore avoir du discernement, faire preuve d’un esprit objectif, et ce, afin de ne pas partager les opinions partisanes relevant d’intérêt personnel ou d’un groupe. Il faut aussi savoir (ce qui n’est pas évident) poser les bonnes questions, au bon moment, afin d’éviter un nouveau voyage ou de tomber dans l’erreur, voir l’illusion.

De nombreux éléments de ce texte viennent directement de Maître Wang Yu-Fang, fille du fondateur Wang Yu-Fang. A la différence des autres élèves qui n’avaient pas ce lien familial, donc privilégié, elle a appris cet art difficile. Habituée à la prononciation de son père depuis sa plus jeune enfance, cela lui a permis d’être moins sujette aux erreurs d’interprétations.

A cette époque, il y avait un très grand respect vis à vis des maîtres. Jamais un élève n’aurait appelé son professeur ou son maître par son nom. Il le nommait shifu. De nos jours cette tradition perdure, bien que dans certains endroits, elle tende à disparaître. Il en est de même au Japon où le respect est aussi important qu’en Chine. L’élève appelle son professeur ou son maître sensei.
Maître Wang Yu-Fang précise que le débutant avait très peu de chance de pouvoir apprendre avec son père. Peu abordable, il n’était pas aisé de gagner sa confiance même avec prudence. Ainsi, l’intention première du débutant était d’être admis dans l’école. Ensuite, il était aiguillé vers un assistant ou un enseignant. Le débutant n’allait pas poser de question sur une citation que tout le monde semblait connaître, risquant de passer pour un ignorant. Seul l’ancien pouvait avoir accès au maître et le respect de la hiérarchie «assistant, professeur et maître » évitait ainsi les querelles d’ego.

Dans ce travail de recherche, j’ai été aidé par mon ami Vuong Tek Meng qui m’a servi de lien avec la fille du fameux Wang Xiang-Zhai. Il est disciple de ce maître, mais aussi des maîtres Han Xinqiao et Li Jianyu. Moi-même ayant d’abord appris des maîtres Kenichi Sawaï, Wang Xuan Jie, Li Jianyu et Wang Yu-Fang, je sens comme mon ami Meng, la nécessité d’apprendre et d’essayer de comprendre toujours plus sur la véritable signification de cette discipline.

Le yi quan, da cheng quan connaît un développement important. Les uns le pratiquent pour le martial, les autres pour la santé et récemment certains pour le sport. Qu’importe la motivation du pratiquant ! Il est nécessaire de posséder une certaine connaissance sur les origines, l’histoire, la philosophie, les principes scientifiques et le sens profond de l’art enseigné.
Bien que les élèves n’aient pas tous le même objectif et la même motivation, le rôle de l’enseignant de yi quan, da cheng quan est d’être relativement polyvalent. Comment le professeur peut-il faire progresser les élèves, s’il n’est pas lui-même exigeant sur son propre travail et sur celui de ses élèves ? A force de laisser dériver le bateau, on ne sait d’où il est parti et où il va.

Personnellement, chercher le sens du yi quan, da cheng quan, comprendre son principe, me semble plus important que de gagner des compétitions et de le développer «à tout va ». A quoi bon promouvoir un art mal compris ? A terme, cela risque de créer des déceptions, des abandons, des scissions, des incompréhensions et voir pire, le sentiment d’avoir été leurré. L’art du yi quan, da cheng quan risque de ne pas s’en trouver grandi. Toute sa vie, Wang Xiang-Zhai a fait des recherches sur son art et par ses réflexions, il lui a apporté des améliorations constantes. Une véritable démarche doit s’inscrire dans ce cadre. Nous pouvons nous inspirer de son exemple. Il nous a donné un processus d’apprentissage qui permet aux plus doués d’atteindre la virtuosité soit sur le plan martial ou technique ; aux plus faibles d’améliorer leur santé ; aux autres, de rester en bonne condition physique. Wang Xiang-Zhai a adapté cette tradition aux gens de notre époque, restant fidèle aux fondements de l’enseignement des anciens maîtres qu’il a côtoyés. Avant de créer quoi que ce soit, avons-nous la connaissance suffisante ? Ce qui sous-entend de comprendre d’abord le sens original et originel du yi quan, da cheng quan.

Aujourd’hui, il y a de plus en plus d’adeptes qui vont se perfectionner en Chine et de Maîtres qui vont enseigner dans de nombreux pays d’Orient et d’Occident. Quel est l’objectif de chacun ?
Comment le yi quan, da cheng quan peut-il rester la boxe de l’intention et du grand accomplissement sans un développement qualitatif. Chacun doit apporter sa contribution à cette intention, et le yi quan, da cheng quan connaîtra un développement sans limite. Il en va de même pour tous les styles.

La fameuse erreur de Guo Yun Shen

Une erreur, fameuse, concerne la photo de Guo Yun Shen.
Certains occidentaux ne font pas toujours des recherches sérieuses. Certains copient sur le voisin. Si le voisin s’est trompé, l’erreur devient une vérité historique. C’est ainsi que Guo Yun Shen s’est retrouvé avec une nouvelle tête.
En 1990 et 1992, j’étudiais le da cheng quan chez le Maître Wang Xuan Jie. Nous discutions du fabuleux peng quan de Guo Yun Shen. J’en vins à parler de la photo du Me Guo Yun Shen que l’on trouvait sur les livres et les magazines. C’est ainsi que je découvris qu’elle était fausse. Le maître qui est ainsi représenté s’appelle Kou Yuan Zhang (écrit de différentes manières : Ku Yu Cheong, Gu Ruzhang), surnommé la « paume en limaille de fer », célèbre pour ses casses spectaculaires. Il s’agit en réalité de KOU YUAN ZHANG, maître de la boxe shaolin (disciple de Yan Jiyun). Dans le livre de José Carmona de « Shaolin à Wudang », il y a des éléments biographiques sur ce maître.

kuo yun shen

La seule photo (ci-dessous) qui existe du maître Guo Yun Shen est celle où il est à coté du maître Che Yi Zhai en train d’assister à une démonstration.



guo yun shen

La photo a été prise à la fin de la dynastie Qing (en 1911) au moment où Guo Yun Shen allait à Taigu (province du Shanxi) visiter le fameux maître de xing yi quan, Che Yi Zhai. Guo Yun Shen est assis avec une robe blanche et une veste noire. A gauche, se trouve Che Yi Zhai. Les autres personnes sont des étudiants de Che Yi Zhai. Celui qui tient l’épée s’appelle Fan Yong Qing, son partenaire, Li Fu Zhen.


Texte écrit par les Maîtres Jean-Luc Lesueur et Vuong Tek Meng.